Newsletter Printemps 2025

De la rareté : un tour d’Europe en un siècle et un miracle :

Pour ses 35 ans la galerie présentera au PAD 2025 un choix d’œuvres comptant avant tout trois propositions d’une importance et d’une rareté exceptionnelles.

Ignazio Gardella, un unique ensemble de trois fauteuils disparus depuis 1946 et retrouvés 80 ans après : un miracle

Nous divulguons cette année un modèle de fauteuil jamais vu depuis 1946 et sa présentation éphémère en trois uniques exemplaires à la première grande exposition milanaise de mobilier pour la Reconstruction de la RIMA (Riunione Italiana per le Mostre di Arredamento al Palazzo dell’Arte). Ils n’étaient jamais réapparus depuis.

Ignazio Gardella, unique suite de trois fauteuils, 1946. Photos Hervé Lewandowski

In situ à l’exposition de la RIMA en 1946

L’Italie de 1946 est un pays détruit, ruiné et tout y est à refaire ou à inventer le plus rapidement possible.
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L’urgence de la reconstruction inspire aux architectes modernes ayant résisté au fascisme des solutions déjà très mûries par les années de dictature, tout occupés qu’ils étaient à prévoir des modèles modernes, de nouvelles typologies et du mobilier abordable depuis les années 30 (la question de l’habitat des masses étant dans l’ADN du mouvement moderne) ainsi que pendant les années de guerre où l’économie italienne étant entièrement tournée vers la production de tout ce qui pouvait y servir et isolée par la volonté de Mussolini des marchés extérieurs, le marché intérieur s’étant nettement détérioré à partir de l’invasion nazie.
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Aussi, dès 1946, un an avant la Triennale de la Reconstruction, la RIMA choisit de demander à ces architectes modernes de donner pour la première exposition d’après-guerre, au milieu des ruines et pour une population terriblement éprouvée, des exemples de logements simples meublés avec l’essentiel. Le cahier des charges de l’exposition disposait que les propositions de mobilier devaient faire preuve de « dignità » et chaque pièce devait respecter en étant « decorosa » (en français honorable) la nouvelle place espérée des masses avec l’arrivée de la démocratie. Le souci de leur confort et de la décence y compris esthétique était au centre de cette exposition. Il fallait aussi que les participations fassent preuve de modestie quant aux coûts et de pragmatisme en donnant des solutions susceptibles d’être fabriquées en grand nombre. L’absence d’industrie capable de passer en un clin d’œil des obus aux équipements domestiques posait évidemment d’énormes problèmes qui rendirent beaucoup de ces propositions éphémères et malgré l’enthousiasme inspiré par ce titanesque projet humaniste firent donner à la Triennale de 1947 le sobriquet de « Triennale communiste » ! En réalité, tous étaient ravis de cette profusion d’idées mais peu comprirent quoi en faire.
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Ignazio Gardella, sollicité, répondit par l’installation de deux pièces de séjour, l’une pour un logement pour trois personnes l’autre pour quatre. Nous avions déjà montré en 2009 les sièges créés pour le salon à quatre, et nous connaissions le mobilier du salon pour trois. Malheureusement, dans ce dernier seules les petites étagères empilables avaient été retenus pour l’édition par la maison Azucena fondée par Gardella, Caccia Dominioni et Corradi del Acqua en 1948.
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Les trois fauteuils figurant sur la photo d’archive de la RIMA avaient tout simplement disparus après avoir tout de même fait l’objet d’une publication dans les cahiers de l’éditeur Hoepli en 1951. Puis plus rien.
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Nous n’avions aucun espoir de les retrouver un jour, le chaos de l’après-guerre laissant supposer, si l’on tient compte de l’absence d’édition ultérieure de ce modèle, qu’ils étaient ou détruits ou perdus. La constatation sur pièce de la qualité de la proposition est donc restée longtemps impossible, même compte tenu de  l’engouement actuel pour l’œuvre de Gardella, et malgré la diligence des marchands qui fit depuis quelques années sortir sur le marché des pièces aussi rares et désirables. Ces fauteuils n’auraient bien sûr pas pu leur échapper si ils étaient réapparus. Il était donc fort probable que l’on ne les revît jamais.
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Pourtant, les voici.
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À admirer ces sièges d’une élégance rare, simples, très confortables et fonctionnels on ne peut douter que Gardella, prit le cahier des charges très au sérieux, aussi ambitieux et exigeant pour les siens, c’est-à-dire l’élite dont il était issu, que pour tous les italiens. Alors que le mobilier présenté à cette exposition fut le plus souvent assez spartiate, relevant un peu trop pour certains de l’esthétique du provisoire, Gardella a pris le risque de donner une contribution généreuse, originale, efficace à tous les niveaux de l’échelle sociale, très élégamment respectueuse de leurs destinataires, en harmonie avec l’esprit de la Libération, conforme aux exigences de la Reconstruction et d’une qualité assurant sa durabilité.
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Il n’y a que trois pieds à ces sièges, deux triangulaires sur les côtés avec des petites roulettes invisibles et le montant arrière qui commence avec une poignée et se termine en compas avec un pied dédoublé en oblique pour former aussi un triangle. La figure du triangle se retrouve d’ailleurs partout sur ces sièges, jusque dans la petite pièce de raccordement entre le pied en compas et le montant terminé en haut par une poignée pour le déplacer, elle aussi triangulaire. Tout est vissé sur la carcasse et se démonte aisément. La carcasse est garnie de manière traditionnelle avec des ressorts et des sangles, selon l’ancien savoir-faire artisanal bien plus au point à cette date que ne pouvait l’être, pour le moment, une méthode industrielle encore sans moyens. De nombreux petits disques dorés de laiton poli, en réalité des vis, viennent souligner les points de connexion entre structure portante et dispositif d’assise. Un peu de luxe et d’intelligence, pourvu que ce ne soit ni couteux ni arbitraire !
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Photos Hervé Lewandowski

Sir Edwin Lutyens (1869-1945), les Arts & Crafts en liberté…

La galerie a eu cette année l’opportunité de pouvoir acquérir un mobilier de salon extrêmement rare et étonnant de Sir Edwin Lutyens (1869-1945) pour une des premières maisons privées qui lui furent commandées (1898-1901) : The Deanery Gardens House. Cette maison est contemporaine de son chef-d’œuvre commencé simultanément pour la famille Mallet sur la côte normande : le Bois des Moutiers.
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A l’exception de son banc de jardin iconique réédité beaucoup, le mobilier de Lutyens est très rare et l’architecte n’en a dessiné que très peu. Il en reste encore moins sur le marché. Cet ensemble est, dans la veine de William Morris et de Liberty & Co, une relecture subtile, créative (la banquette face à face avec un seul accotoir est une typologie exceptionnelle voire presqu’inexistante encore en 1900) et anti-dogmatique. Lutyens s’inspire non point, comme très souvent encore, du Moyen-Âge mais plutôt de l’Âge d’Or Elizabéthain et du raffinement des Stuart.
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E. Gimson (1864-1919) lui aussi s’était inspiré de l’époque d’Elizabeth 1ère, sachant s’éloigner de la Réforme Gothique où pourtant les Arts & Crafts ont bu leur premier lait.
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Photo Hervé Lewandowski

Photo Hervé Lewandowski

Photo Hervé Lewandowski

W.A.S. Benson et la magie des arts du feu: un bougeoir d’exception

Également issu du Mouvement Arts & Crafts un étonnant luminaire introuvable de W.A.S. Benson (Londres) vers 1900, une rareté  et un objet de curiosité à la fois : un double chandelier à ressorts en laiton et cuivre avec ses verreries d’origine (vaseline glass) laiteuses et diaprées de chez Powell, et une sorte de clepsydre qui mesure le temps qui passe….
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Un objet magique dont on n’a rencontré en 35 ans de carrière qu’un exemplaire à une lumière.

Photo Hervé Lewandowski

Enfin, une autre rareté : Ignazio Gardella (1905-1999), sa table Ditirambo : l’élégance de l’ingénieur et le goût de l’architecte pour le luxe intelligent…

Sans jamais départir, Ignazio Gardella fut toujours aussi exigeant pour ses amis de la haute société milanaise que pour la population dont il était très proche.
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Les trois fauteuils de 1946 en sont la preuve. Sa table Ditirambo de 1956-57, montre son excellence dans le traitement d’une modernité qui va bien à sa familière alta borghesia. Ici simultanément, la simplicité de ce meuble, un grand rectangle en laque noire, miroir dématérialisant, sur un piétement noir aérien rythmé par des éclats de laiton et, bien cachée, la virtuosité technique luxueuse et fascinante de son mécanisme à découvrir ou à montrer en retirant les allonges. Ces qualités lui ont valu une grande admiration et une magnifique publication dans Domus in situ.
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Photo Hervé Lewandowski

Nous vous attendons avec joie à PAD PARIS 2025, stand  57, du 2 au 6 avril, dans le Jardin des Tuileries pour vous  présenter nos découvertes. Accès par l’entrée Castiglione.

Pour aller plus loin vous pouvez consulter les biographies des artistes sur notre site : hplestudio.com 

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1, rue Allent
75007 Paris
FRANCE
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Marc-Antoine Patissier
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Du mardi au vendredi, de 14h30 à 18h30

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